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NOUVEAU

DICTIONNAIRE

D'HISTOIRE NATURELLE,

APPLIQUÉE AUX ARTS ,

A l'Agriciillure , à l'Economie rurale et domestique -, à la Me'decine , etc.

PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES ET D'AGRICULTEURS.

Nouvelle Édition presqu'enlièremenl refondue ei considé- rablement augmentée ;

AVEC DES FIGURES TIRÉES DES TROIS REGIMES DE LA ~ NATURE,

TOME XXVI.

DE J.'lMPniMKRIE D'aBEL XANOE , ROE DE 1\ nARPE,

A PARIS,

Chez DETERVILLE, libraire, rue haltefeuille^ s" 8.

M DCGC XVIII.

Indication des Planches du Tome XXVI.

G 41. PLANTES , pag. 18.

Ophioglosse bulbeux. Paragu infortuné. Pavone écarlate. Phryma à longs épis.

M 28. QuADRUPFDEs Mammifères , pag. 38.

Phylloslorae. crénelé. Phyllostome fer de lance. Phyllostome vampire. Porc-Épic d'Europe.

M 19. Oiseaux, pag. 66.

Coiinga pacapac. Piauhau à gorge rouge. Perruche à téfe couleur de rose.

M 33. Oiseaux, pag. 107. Passerine pape. Pillurion. Picchion Bâillon.

G 42. Insectes (planche llthographie'e ) , /»/7^, 197. Papillon podalire. Pentatomé rufipède. Pélalocheïre rubigineux. Phyllie brcvicorne. Pince cancroïde.

G 43. Insectes (planche lithographiée) , pag. 197.

Panagée grand-croix. Pangonie bordée. Pamopès incarnat. Pedin fémoral. Perle brune. Phalène hastée. Piraèlie géante ( moluris). Pompile voyageur. Prione corroyeur.

G 46. Taille des pierres remmes ou pierres précieuses, p. 286.

M 3o. Plantes, pag. 5i5.

Phorjnion lin. Phyllante niruri. Pistachier vrai. PlaqHeminier de Vir- ginie.

NOUVEAU

DICTIONNAIPiE

D'HISTOIRE NATURELLE.

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Phosphorescence {des substances minérales, vêgé-

laies et des animaux ). La propriété de rendre de la lumière n'est pas l'apanage du phosphore seulement : elle se ren - contre pareillement dans des matières minérales et végé- tales placées en certaines circonstances, et surtout en plu- sieurs animaux vivans. En général, celle pïwsphorescence des corps bruts et celle des ôtres animés reconnoissenl plusieurs causes. Des physiciens ont cru y voir use combustion lente, qui dégage de la lumière sans chaleur sensible et même sans altération subséquente bien marquée; cependant, quoique cette explication puisse être vraisemblable pour divers ani- maux ou vé8,élAux phusphorescens, dont l'éclat s'éteint dans les gaz méphitiques, mais s'avive dans Toxygène, cela ne peut pourtant pas s'appliquer à tous, et encore moins à la plupart àesminéraus. phosphorescens, qui restent lucides sous les gaz azote , hydrogène et acide carbonique. Fourcroy pensoit que la phosphorescence éloit due à la lumière engagée entre les interstices des corps ; il se fondoil sur ce que des bois pourris, exposés à la lumière , de même que le diamant et d'autres gemmes en cristaux, retenoient une lueur dans l'obscurité; mais il est une foule de corps de différens règnes , qui de- viennent lucides sans avoir absorbé de la lumière. Par exem- ple, des quarz , l'aduiaire en poudre (feldspath nacré), le fluate de chaux, le phosphate de chaux del'Estramadure, etc., de\\enaenl phospJwrescens par une chaleur obscure, ainsi que différens sels : les muriates de soude , celui de mercure , le sulfate de potasse , et la magnésie , l'alumine , la chaux , la strontiane, la baryte, etc.; cependant il faut une chaleur plus ou moins élevée pour ces diverses substances. X\YI. I

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Deliic pensoit que le calorique comprime ou accru devc^ noil la cause de la phosphorescence ; il se fondoit sur ce qu'une barre de fer battue à iVoid , devenoii chaude jusqu'à rougir sous la percussion des marteaux. De même, le sucre frotté devient phosphorescent; la collision forte ou la percussion rend phosphorescent le muriate calcaire très-desscché , et d'autres substances sèches. En général , la lumière , dans les minéraux, paroît en raison inverse de leur humidité, comme l'ont remarqué Boyle,Boze,Dufay, Margraff, Beccaria, etc.

S I. De la phosphorescence des minéraux , par dhers procédés.

Les minéraux phosphorescens par frottement ou collision, ont été remarqués par Homberg, Bergmann , Macquer, Pelletier , Dolomieu , Gillet-Laumont, de Saussure fils , etc. Dessaignes a reconnu que tous les métaux en limaille fine, deviennent lumineux, et manifestent des étincelles en les plaçant sur un support chaud , surtout les plus oxydables, le zinc, l'antimoine; tandis que l'argent etl'or en donnent moins. Il a découvert que le fluidede la phosphorescence éloit soumis au pouvoir des pointes, ainsi que l'électricité, et il en a conclu , d'après des expériences sur un grand nombre de substances minérales, que le iluide électrique y jouoit un rôle plus important qu'on ne Tavoit pensé. {Mém. sur les Phos- phorescences , dans le Journal de physiq. , 1809, *^'"- ^^7 6* 1810 , tom. 70 )

Au lieu d'exposer les minéraux sur Une plaque métallique chauffée , ce qui les rend presque tous phosphorescens , M. Haiiy propose de les placer sur des charbons allumés ; alors il n'y a de phosphorescentes que les espèces qui s'y trouvent le plus disposées; encore ce phénomène ne se re- marque-t-il qu'en quelques variétés et non en d'autres ; par exemple, dans des chaux fluatées, carbonatées, phosphatées, suivant leur mode de cristallisation. Ainsi, les chaux phos- phatées, qui ne cristallisent point en pyramides, deviennent seules phosphorescentes , et non pas celles qui cristallisent de celte manière. Par ce moyen , on a pu reconnoîlre que la chaux phosphatée terreuse de TEstramadure devoit cristal- liser en pyramides, puisqu'elle ne devenoit pas phosphores- cente, et l'observation a confirmé ensuite cette théorie.

La baryte sulfatée , si connue sous le nom de pierre de Bologne , est remarquable par sa propriété lumineuse à l'obscurité , après avoir été quelque temps exposée aux rayons dn soleil , lorsqu'elle a été préalablement calcinée et tenue en un lieu sec. Lorsqu'elle perd sa phosphorescence, on peut la calciner de nouveau pour la lui rendre. Il paroît que , dans ce minéral , la phosphorescence peut être due à

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wne décomposilion partielle de l'acide sulfuriqne du sulfate terreux, mis à l'état de sulfite et tendant à retournera l'eJat de sulfate , en absorbant de l'oxygène ; ce qui déleniiine une combustion lente.

Les principales matières minérales phosphorescenles par la chaleur, sont les spaths fluor, les baryte et stror'tiane carbonatées, la trémolillie , la wernérite, plusieurs chai'.x phosphatées, l'harmotome, diverses chaux carbonatées, etc.

Par le frottement, on observe un assez grand nombre de minéraux phosphorescens, et l'un des plus remarquables sur- tout est la blende ou le zinc sulfuré. Patrin en a rapporté des échantillons de la mine d'argent de Zméof en Sibérie , qu'il suffisoit de gratter avec un bec de plume pour l'aire une trace phosphorescente ; il en est de mèuie des blendes de Scharffenberg en Misnie , mais d'autres lo sont moins. Beau- coup de marbres primitifs, el parmi les diverses chaux car- bonatées, les dolom.ies principalement, deviennent lumineux aussi par des frictions légères.

Il en est de même de presque toutes les pierres quarzeuses qui brillent par le frottement ou des collisions; tels sont sur- tout les quarz gras ; telle est encore la granunatile.

On a dit que les gemmes ou pierres précieuses jouissolent de la propriété de s'imprégner de lumière, par leur exposi- tion au soleil ; niais ceci n'est guère vrai que du diamant, et encore cette propriété n'est-elle pas toujours manifeste; ce- pendant on fait en quelque sorte jaillir des étincelles du dia- mant , dans l'obscurité , en le frictionnant avec une brosse , ce qui pourroit dépendre de Téleclricité.

D'autres phosphorescences se manifestent par l'addition de l'eau, à la chaux vive , par exen>ple ; car il s'opère un grand dégagement de chaleur. Il y a donc des causes très-va- riées pour le phénomène de la phosphorescence en général.

§ 11. De /a phosphorescence de quelques substances végétales.

On n'en connoît qu'un petit nombre d'exemples, et non- seulement pour les corps solides, mais pour les liquides;, ainsi , de l'huile de lin agitée , surtout dans le vide du baro- mètre ou de la machine pneumatique, présente des lueurs phosphorescentes.

A l'égard des lueurs qu'on remarque aussi en frottant des rotains {calamus rotang^., on a cru pouvoir les attribuer à ce que l'écorce de ces cannes contient assez abondamment des molécules siliceuses , comm.e on les retrouve dans leurs cendres , et conime le prouve l'analyse du tabaxir. La colli- sion du sucre offre aussi un éclat phosphorescent; mais n'est - ce pas comme la plupart des substances cristallines ,

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qui deviennent plus ou moins électriques par le frollement ? Les autres phosphorescences , parmi les végétaux , n'ont guère lieu que par la décomposition ; ainsi, l'on a vu le byssus violacé ou hypoxylon des arbres et des champignons putréfiés dans lesforêts , en élé , acquérir une lueur dans l'obscurité, de même que les bois pourris. Si les plus spongieux , parmi ces derniers, couune le saule , le peuplier et autres bois blancs , s'imprègnent le mieux de la lumière , cependant des bois plus compactes d'orme , de hélre et de chêne, s'en imbibent aussi, quoique plus difficilement. Au reste, ces lueurs disparoissent ou semblent s'éteindre bientôt dans les gaz acide carbonique et azote, et briller davantage dans l'oxy- gène; ce qui paroît démontrer qu'il s'opère une combustion lente. Nous ne parlerons pas de la prétendue racine lumi- neuse dont traite l'historien hébreu Josephe , sous le nom de Baharas. On ignore ce qu'elle éloit.

§ III. De la phosphorescence parmi les animaux terrestres.

Nous allons voir qu'elle dépend principalement de l'action de la vie ou du jeu de l'organisme.

Il faut distinguer de cette phosphorescence , l'électricité développée quelquefois spontanément chez des individus qui ont fait beaucoup d'exercice, et dont les poils secs ou les che- veux lancent des étincelles par le frottement. Tout le monde connoîtce phénomène sur les chats, surtout en hiver, lors- qu'on les frictionne; beaucoup d'observations apalogues, faites sur des hommes, n'éloient pas inconnues des anciens; car on peut y rapporter cet éclat de la chevelure d'Achille en fureur, selon Homère , et cette flamme légère qui sembloit voltiger autour de la tête d'Ascagne , comme dit Virgile : lambere flamma comas et circiim tempora pasci. Les palefreniers con- noissent les feux follets sortant de la crinière des chevaux, parfois , lorsqu'on les étrille. Des auteurs ont aussi remarqué des signes d'électricité sur le plumage de quelques perro- quets , etc.

Peut-être doit-on attribuer à ce développement d'électri- cité résineuse, les combustions spontanées de plusieurs individus très-gras et habitués aux liqueurs spiritueuses , tels que des femmes exhalant des gaz hydrogénés et inflamma- bles, etc. Ce sujet a été traité, soit par Pierre-Aimé Lair , soit par Jean-Henri Kopp, avec un développement suffisant pour établir de fortes présomptions sur la réalité de ces combustions spontanées.

Il est un autre mode de lucidité , qui paroît dépendre plus Immédiatement de l'action nerveuse; c'est celle des yeux des chats, des loups, des hiboux et d'autres animaux noc-

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ttirnes. Leur pupille se dilate beaucoup dans l'obscurité , et la rétine, dont l'éclat est brillant, renvoie une lumière manifeste. Nous avons eu l'occasion d'observer cet effet sur un renard blessé à mort et qui , au moment il se vit saisi dans la retraite obscure il se réfugioit, ouvrit des pupilles extraordinaires et montra des yeux flamboyans. Il paroît que le même effet se reproduit dans ces regards de colère qui paroissent enflammés. Il en est ainsi des yeux d'un chat plongé dans l'eau; la vive frayeur dilate la pupille, et la rétine renvoie beaucoup de rayons lumineux , comme un miroir au soleil. Nous ne rappellerons pas l'opinion des an- ciens philosophes , tels que Platon, Epicure, etc., qui sup- posoient que la lumière éloit lancée par l'œil , et agissoit sur d'autres individus, dans l'amour, l'envie, la colère, et qu'on pouvoit ainsi fasciner les personnes , comme le regard du chien arrête la perdrix :

Nescio rniis teneros ocuhis mihl fascinât agnos.

Parmi les reptiles , on prétend que les crocodiles et des lézards nocturnes, tels que les geckos etlesanolis, jettent aussi des regards étincelans dans la nuit; peut-être doit-on rapporter à la même cause la frayeur causée par des serpens, d'où les anciens ont imaginé que le basilic tuoit par son seul regard , comme on a prétendu que la vue subite d'un loup causoit une extinction de voix ou la raucité.

Les vraies phosphorescences animales se remarquent d'a- bord dans la classe des insectej , et surtout parmi les coléop- tères. On dislingue dans cet ordre les genres elaier ^ lampyris et paussus.

Tu elaier nociUur.us , le cucujo des Américains , ou la mouche à feu, a la faculté , selon Patrik Brown {Hisi. Jama'i'c. ) , de suspendre à volonté sa lumière, et de la faire paroîlre tout comme on le feroit avec une lanterne sourde. Ses organes phosphorescens sont situés au corselet de chaque côté ; il les fait rentrer par la frayeur. Il y a dans son corselet beaucoup de matière lumineuse jaunâtre, demi-transparente et gélati- neuse. Cet insecte , qui se cache de jour, voltige la nuit et se jette sur la lumière des flambeaux. Sa lumière est si vive qu'on peut lire de nuit, avec huit ou dix de ces taupins, comme avec ÙDe chandelle, ou travailler à sa lueur. Les Indiens en por- tent dans leurs voyages en place de lanternes , et les femmes on ornent leur lête comme d'étoiles brillantes.

On connoît encore deux autres taupins phosphoriques , e/aler phosphureus ^Deaéer^ el eàiler igniius ^ Fabricius , de l'Amérique méridionale et des îles Antilles.

Les lampyris , connus sous le nom de vers luisans , portent

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leur matière phosphorique à rexirémilé postérieure de leur abdomen aux deux ou trois dernier» anneaux; ils peuvent, ainsi que lestaupins, faire rentrer à volonté cette substance lumineuse. Lorsqu'elle brille le plus vivement , elle répand un éclat bleuâtre ou verdâtrc comme i'émeraude ; en s'affoiblis- sant , elle n'offre plus qu'une lueur orangée pâle. Le mouve- jr.ent de ces insectes excite leur lumière. Cette substance lumi- neuse jaunâtre peut être enlevée à l'animal, et elle reste pbos- pborescente tant qu'elle est molle , soit à l'air, soit sous le vide de la machine pneumatique : elle perd cette lumière en se desséchant; mais onpeut la lui rendre en la ramollissant avec de l'eau tiède. L'eau froide éleinl les vers luisans ; mais ils brillent dans de l'eau chaude. Ces insectes vivent long- temps dan? le vide et sous divers gaz non respirables ; toute- fois ils périssent dans le sulfureux, le nitreux et le muriatique. On a cru reconnoître que leur séjour dans le gaz hydrogène rendoil parfois celui-ci détonnant. Au reste, chez les insectes nocturnes, les sexes se rencontrent I un l'autre au moyen de «etle lueur. Les femelles sont les plus brillantes pour attirer les mâles, car elles ne développent pas souvent des ailes; aussi l'on voit de leurs nymphes déjà lumineuses, selon Degéer. Ils sont très-communs dans les pays cliauds, et leur voltigement, semblable à celui des étincelles , parn)i les bos- quets et les fleurs, produil un effet agréable dans les soirées d'été. Carradori et Lirîilenberg ont remarqué que la lueur de- vient plus vive dans ces insectes plongés sous du gaz oxygène. 11 y a beaucoup d'espèces de lampyres lumineuses : les lavi- pyrisnof.tilnca et splcndUlula .s?)n1 nos vers luisans ; ïitallca est il luciole des ïlaliens ; on connoît encore les lampyrisignita , phospïiorea , nitidula ^ lur.ida ^ japonica , pcnsyhimica ^ etc. (iueneau de Montbeillard a fait l'observation qu'après leur accouplemenl, ces insectes perdoienl toute leur phosphores- cence , comme s'ils éleignoient ainsi les flambeaux de leur amour par l'hyménée.

Afzélius a remarqué un autre coléoptère dont l'illumina- tion est fort singulière. Ses deux antennes sont renflées à leur extrémité en petits globes , et ces globes sont deux lanternes phosphorescentes dont, il s'éclaire dans la nuit. Cet insecte, paussiis sphœrucerus^ est décrit dans les JÀiinœan Transar.t. , tom. IV.

Parmi les insectes hémiptères, des fulgores présentent à un degré marquant le piiéuoniène de la phosphorescence. Mlle. Mérian a décrit la giande porte-lanterne, ///.^j^om Jantcr- nmria, L. de Surinam el de l'Amt-riqui" méridionale. Son front est développé en une énorme vésicule arrondie, toute pleine d'une matière lumineuse si vive qu on peut lire de nuit, paç

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son moyen , les caractères les plus fins. Il paroît qut celle lucidité n'a pas lit-u pendant tout le temps de la vie de Tin- secle , mais sans doute à l'époque de ses amours, comme chez les lampyres et les taupins. Plusieurs fulgorcs sont cgale- Tnent lumineuses, les fulgora candelaria elfulgorapyrorliyncliuSy en Asie. Des cigales sont aussi phosphoriques, selon Olivier. Patrik Brown a remarqué pareillement une espèce de papillon nocturne, pyralis minor ^ présentant sous son abdo- men une lueur foible et vacillante, devenant obscure par intervalles. Il est probable que plusieurs phalènes et teignes, dont les mâles viennent si souvent se brûler aux (lambeaux , ne reconnoissent leurs femelles, pendant la nuit , qu'à des lueurs foibles dont nos yeux ne nous avertissent pas; car tous les insectes nocturnes qui viennent se jeter ainsi à la lumière, au lieu de la fuir, montrent bien , comme les lampyres et les taupins qui font de même , qu'ils se cherchent entre eux au moyen de lueurs.

Enfin , en quelques circonstances on a vu des scolopen- dres briller d'un éclat, soit électrique , soit phosphorique , selon Degéer et d'autres observateurs ; telle est la scolopcndta eleclika d'Europe , et la sculopendra phosphorca observée en Asie par Ekeberg- Ces insectes venimeux fuient aussi le grand jour.

On peut donc établir qoe la phosphorescence . chez les insectes , est due à une organisation propre à beaucoup d'es- pèces nocturnes , pour se reconnoître entre eux à l'époque de leurs amours , et que la matière gélatineuse ne jouit de cette lucidité que dans le temps de la grande vigueur de ces ani- maux; car elle s'éteint même avant leur mort , lorsqu'ils ont engendré. Quoique l'analyse chimique n'eu ait point été faite , mais seulement des expériences sur celte lumière en divers gaz par Grotthuss , Carraùoii , Spallauzani , etc. , on ne peut pas conclure que cette lucidité dépende du phos- phore. On rencontre toutefois des phosphates de chaux et de magnésie dans les analyses de plusieurs insectes.

Les vers de terre ou lombrics , en certaines circonstances, et lorsqu'ils sortent pour s'accoupler , ont paru quelquefois phosphorescens (J^. Flaugergues , sur le phosphorîsme des vers de terre. Journal de Phys'iq., iom. i b, /;. 3 n , et J. G. Bruguières, Journal d'îlisi. nai. ^ Iom. 2, p. 267). On ignore la cause de ce phénomène qui néanmoins se retrouve principale- ment dans les amours des animaux,

§ IV. Be la phosphorescence des animaux marins, et du phéno- mène de la mer lumineuse.

Depuis iong-tenip^ les navigateurs avojcr.t vu avec étonne-

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ment et à diverses époques, les flots argentés d'une lumieFc blancliàire , s'ouvrir en longs sillons de feu sous la proue du vaisseau, ou se répandre en gerbes brillantes sous les coups redoublés des rames, pendant les nuits , et principalement dans les mers des climats chauds. Ils jouissoient de cet écla- tant spectacle sans en connoître la cause , et les anciens ai- Tvioient à la rapporter aux dieux Castor et Pollux ; car on fait toujours intervenir la divinité dans les phénomènes qu'on ne peut expliquer autrement.

Parmi les modernes , Robert Boyle imagina que la rota- tion tourbillonnante du globe terrestre produisoil une sorte de friction à la surface des eaux de l'Océan , surtout entre les tropiques , et les rendoit ainsi lumineuses.

L'abbé Nollet pensoit que le fluide électrique produisoit cet effet par l'affriction des particules de l'eau. Un autre physicien , Leroy de Montpellier, y ajoutoit pour cause le choc des molécules du sel marin qui s'y trouve dissous. (JSlém. des sao. étrangers , tom. 3 , p. i4-3.)

Ces hypothèses firent bientôt place à celle qui attribue la lucidité des flots à une matière putrescenle produite par cetle multitude infinie de poissons, de mollus(pies et d'autres corps animaux , qui se décomposent journellement au sein de 1 Océan. Les observations du missionnaire Bourzes , dans son voyage aux Indes, en 170.4, rendoient probable cette opinion. IJn correspondant de Franklin {Experini. unduhser\>.^ p. ^.■jl^. ) établissoit aussi que tous les animaux qui mouroient dans la mer , s'y corrompoient très-vite ; et leurs débris plus ou moins huileux, -transportés, ballottés par l'agitation des vagues , venoient couvrir la surface de la mer d'une matière phosphorescente.

Ce qui ajoutoit du poids à cette explication , c'est la traî- née graisseuse et parfois lumineuse que les bancs de harengs laissent sur leur passage , traînée connue des pécheurs, sous ie nom àe graisslu. Les expériences de J. Canton , d.Tiis les l'ransaclions philosophiques, an 1 769, Zo/n. LiX, /o. 446, parurent en donner la démonstration. Sous une température de 10 à 12 degrés R. (de 54- à 60'^ Fahrenheit), des poissons morts cl ballottés dans de l'eau de mer la rendirent plus ou moins lumineuse. 11 remarqua encore qi''„ les poissons marins produisoient mieux cet effet que ceux d'eau douce , et que la solution de sel marin favorisoitla production de cette matière graisseuse qui venoit nager à la surface de l'eau ; il en con- clut que le phénomène de la mer lumineuse étoit à cetle .«^eule cause. John Pringle confirma, depnis, que les muriales de soude et de chaux hâtent la pulréfHction dans l'eau de la nier, en la rendant plus dissolvante.

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II est certain que la plupart des poissons puiréfiés , des maquereaux, des merlans, des harengs frais, devionncnl plios- phorescens ; et l'analyse chimique a démontré la présence du phosphore en plusieurs de leurs parties , surtout dans leur laite. D'après les belles expériences de MM. Vauqueiin et Fourcroy Ç^ Annal, mus. hist. nai. , tom. io ., p. 169, et Annal, chim. , iom. 6/f , P- 7)> les sels phosphoriques abondent dans toutes leurs humeurs. C'est sans doute à la même présence du phosphore, que les chairs, la pulpe nerveuse ou médul- laire surtout, deviennent si phosphoriques par la décomposi- tion des cadavres, ainsi que nous l'avons vu. Les os de quel- ques brochets le deviennent pareillement.

De plus , certains poissons en vie paroissent quelquefois phospl)Oi\?scens ou lucides, comme Bajon {Mém. pour servir à /Jh'si. (Je Cayenne , tom. 2 , Paris , 1778 ) et Lœfling ont vu d.'S dorades , coryphœna hippurus , L. , émigrant en grandes troupes , refléter une lumière éclatante. Godeheu de Riville a remarqué une pareille phosphorescence dans des troupes ([thomics ., sr.omberpelamy s., \j.^ sur la Méditerranée (il/wt. des sao. élrang. , tom. 3 , p. 26g, sq.).

Mais cet examen conduit à rechercher s'il n'y a point d'au- tres animaux marins qui manifestent naturellement de la phosphorescence ; or, nous en trouverons un grand nombre. Les anciens avoient été frappés de la lumière que répandent les dails ou pholades,/;//o/a5Jar/j/«5,L.,quise nichent dans les rochers qu'ils percent. Pline dit , 1. ix, c. 5i : La nature des dactyles est telle qu'ils brillent dans les ténèbres d'autant plus qu'ils ont plus d'eau -, ils luisent jusque dans la bouche quand on les mange ; ils luisent entre les mains, et les gouttes mêmes qui tombent à terre ou sur les vêtemens, sont bril- lantes. Réaumur a confirmé ces faits merveilleux, Blém. acad. scienc, Paris, 172,3, pag. ig8.

Déjà Thomas Barlholin {De liice animal'ium , Lug. Bat. , 164.7 ■> in-^-" ) ; et Oligerus Jacobaeus ( Acia hrjniens. , iom. V , pag. 283 ) , ayant ouvert à Pise des pou'pes {Sepia oc^ iopus , L. ) , ils offrirent, dans leurs viscères, une lumière assez vive pendant la nuit , pour que la chambre du collège se faisoit cette dissection , parût tout éclairée , et causât quelque inquiétude à ceux qui y entroient. Ce n'étoit point la chair même de ces poulpes qui luisoit , mais les parties intérieures, et avec d'autant plus d'éclat , qu'elles cloient plus corrompues. Les doigts et les mains étoient toutes lu- mineuses de celte humeur phosphorescente quand on y tou- choit. On a vu des coquillages , tels que des ckama , des lepas , des murex ou huccins , devenir également phosphor^s- Gcns par la putréfaction. Adrien Auzout et Mignol de la

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Vo\ e , avOMînt trouvé aussi des vermisseaux lumineux dans <le.s liuîlres ( Mem. acad. se. , avant «69c) , tom. X , pag. ^53 ). Enfin , ce qui a prouvé que l'eau de la mer ne dcvoil pas. tuiiquement sa phosphuresrcnce a des animaux marins putréfiés, mais bien aussi à des animalcules vivans, est la découverte de Joseph \ianeili( IS'uoi'e scoperte intorno le luci nolturne deW acqua marina , Venczia , 174.9 , in-8.0 , fig. ) , et de François- (insellini ( Ohseivations sur la scolopendre marine luisante , Ve- nise, 1760, in-8." ), le premier, professeur de médecine , à (^hioggia; le second, pliysicien , à Venise. Linnœus adopta Jjieniot cette découverte , en rangeant l'animal dans le genre di\s jiéréides, et publiant , en 1762 , sa dissertation ISloctiliira- marina ( Amœnil. acad. , tom. 3 , pag. 202 ). Une foule dob- .servalions cdnfirma ce phénomène con)mun dans les lagunes de Venise ( Fougeroux de Bondaroy , Mém. acad. se. , 1 767 , pog. 120). Forster , qui accompagna le capitaine Cook dans ses voyages autour du globe, de 1772 à 1775, remarqua bien des fois la pho.sphorescence de la mer; il reconnut toujours «[u'cUe dépetidoit d'innombrables animalcules extrêmement pelils, qui sillonnoicnl en toute direction la surface des flots. Il les observa au microscope de Ramsden,etvitde petits tubes brunâtres de matière gélatineuse, globuleuse ; il présuma que c'éloient de très petites méduses qui devenoient phos- phorescentes, surtout quand elles se meltoient en mouve- inenl. C'étoit déjà l'opinion de Ternstrœm , disciple de Linnaeus, voyageant vers la Cliine, en 1746 , et celle d'un correspondant de Franklin(/'////. Trans. , an 1 756). M. Dagelet,. astronome , remarqua , dans la baie d'Antongil , à Alada- gascar, une prodigieuse immensité de ces animalcules, s'é- tendant à plusieurs milles en mer, composant connue des bancs de luuiière , ou recouvrant l'Océan d'un vaste drap de splendeur: ils exhaloient une odeur désagréable de marée. Il en revit auprès du Cap de Bonne-Espérance, par m\ calme parfait; le sillage des canots en faisoit jaillir de ma- gnifiques perles élincelantes , et de larges globules de lu- mière s'étendoient jusque vers les cotes. En 1774 1 ^'^^ mers australes présentèrent ausîi d'autres vers lumineux au même observateur, M. l\igaud a retrouvé une immense quantité de ces productions poiypeuses , dans les mers des Antilles , et rien n'est aujourd'iuii plus démontré.

Il reste néanmoins à déterminer les principales espèces d'animaux pliospborescens qui illuminent ainsi l'Océan : car il en est debcaucoup de sortes, et qui paroissent se tenir principalement eu des régions appropriées selon le degré tleateinpérature ou la diversité des mers. On en observe jus- fj;:e dans la trolde ^-X bnimc-nse lîaliiqne {Juurn. de iV/j-s., f oiu.

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XXIV , page 56 ). Quoique les mers des tropiques pré- sentent pius souvent cet éclalaiU phénomène, dit Dombcy, dans le Journal liephys. , t. XV, pag. 2i3, il paroît presque constamment de mai en juin , vers Bombay , selon le capit. Horsbuig, dans les Tru/is. phi/us. nn tSio , part. 2.

Les côles de la Médiierranr'e présentent , dans ce phéno- mène, presque toujours la ncrcis nociilura^ selon \ ivianl , {de l'huspliuresceiiliâ iiiuris , Gènes , iSo5 ) , et d'autres pe- tites espèces analogues. Spallanzani , qui la vue dans le golfe de Messine et à la côte de Gènes , a remarqué en outre une sorte de méduse convexe , portant à ses bords fran- gés des leniacules nonibrcuses ; elle étoit très - brillante. Déjà Forskaël avoit décrit , sous le nom de médusa nocliluca , une espèce qui se rapproche de la médusa pilais, citée par Gmelin. Macarlney vit, à Margate, des méduses lumineuses ; une espèce de couleur pourpre et de forme hémisphérique , a étg recueillie par cet observateur, en 1804., àlabaiedeHerne, sur les côtes de Kent , et nommée médusa srJnfil/ans {Philos, transaci. , 1810). Sir .Joseph Banks, dans son Voyage avec Cook , recueillit aussi une méduse phosphorescente , qu'il noiruna médusa pellucens. 11 paroît donc qu une multitude de petites méduses lucides concourent au phénomène de la mer lumineuse.

D'autres zoophyies , en outre, exhalent des lueurs mer- veilleuses au sein de l'Océan , et semblent destinés à Tillu- mination de ses abîmes. Le professeur Shaw , dans son voyage à Alger et en Barbarie , décrivit la pennctula phos- pliorea , L. , singulier polypier libre ressemblant à une plume, mais dont les barbes sont de petits polypes vivans , qui tous s'évertuent à ramer de leur mieux , en répandant une lueur ^-datante de phosphore, l^es pennolula gn'seoy orgentea, grandis ^ sont plus ou moins lumineuses aussi.

Mais, outre les méduses et les pennatules, aucun zoophyle marin ne paroît plus éclatant dans le sein des ondes , que les pyrosomes et plusieurs beroës.

hc pyrosoma allaniiruw de Péron , Lesueur etDesmarest, est un système d'animaux réunis en un cylindre creux, com- posé d'iine multitude de petites ascidies, toules. resplendis- santes, dans la nuit, d'un éclat semblable à du fer incandes- cent. On croiroil voir , di{ i-eron , des boulels rougis au feu ou des masses de fer britiantes, se mouvant et tourbillon- nant dans les ondes. Béunis souvent en cohorles innombra- bles, ils forment une large écharpe de phoj;phore étendue sur les flots. Ges animaux s'embrasent surtout en se ir.ouvant; leur lumière s'éteint parla mort, en passant par les nuances du rouge, de l'auiore , de i'ora'Jj^é , du veraàlre e! d'uu bleu

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«i'azur vif ot pur. Dans le repos absolu , la nuance du pyro- somc est d'un jaune opalin. Sa phosphorescence se manifeste dans des intervalles isochrones, par le mouvement alternatif de ranimai, lorsqu'il se contracte ; puis il se dilate , comme s'il prenoit sa respiration. La phosphorescence augmente par la contraction de l'aninial, et lorsqu'on l'irrite; mais à sa mort, toute phosphorescence disparoîl comme chez les autres espèces lumineuses (Péron, Vuyag.aux lierres austr. ^ tom. i , pag. 4-88, et yhinal. du Muséum^ tom. iv,). On trouve d'autres beaux pyrosomes dans la Méditerranée , selon Lesueur.

Le professeur d'histoire naturelle Mitchill a trouvé sur les côtes d'Amérique le heroë ful^em^ espèce également phospho- rescente. De même l'abbé Dicquemarre a vu des méduses et autres animaux phosphorescens sur les côtes de nos mers (Journal de Phys. , tom. \1, pag. 3 19) , et Spallanzani sur cel- les d'Italie ( Memorùi sopra la méduse fosfondie ^ dans les Me- ifior. délia sor. liai. , tomo VII, p. 271 ), Tout se réunit dc«ic pour prouver que la principale cause de la phosphorescence t\Q% mers reconnoit les animaux vivans de Tordre deszoophy- tes , ou des annélides et de divers mollusques , plutôt que la putréfaction des poissons.

(Jn a remarqué pareillement des crustacés phosphores- cens; mais il nous semble qu'ils ont cette propriété,'moins à leur propre nature, qu'aux méduses ou d'autres espèces lu- mineuses qu'ils mangent. Ainsi Jos, Banks observa, dans son voyage avec Cook, des crabes lumineux qu'il signale sous le nom de cancer fulgens , entre Madère et Rio-.Taneiro ; ils ré- pandoient des flammes très-vives ( Philos. Trnnsart.^ 1810 ,• j)art. 2 ). Dès 1754 , (iodeheu de Riville avoil trouvé sur les côtes de Malabar un monocle (appartenant au genre lynceus de Millier) qui s'agltant dans l'eaii l'illuniinoit d une flamme Lieue ; il se loge aussi dans des coquillages. En l'ouvrant , fcs viscères ûrent voir un réservoir de matière lumineuse , d'une couleur d'azur, avec des globules que l'observateur crut Chvii des œufs. D'après ces faits, de Riville pense qu'une sorte d'huile lumineuse, comme celle de ce crustacé,est la cause de la phosphorescence des mers ( Mém. sacans élrang. tom. 3 ) ; hypothèse qjie rien n'a démontrée.

Le cancer pulex , L. , a été vu plus d'une fois phosphores- cent par Hablitzl (dans les Mélanges du Nord , iVo/J/.sv/ifi heytrœge Ae Pallas, tom. IV. p. 3f)6), ainsi qu'un limule « limulus uoclilucus^ Millier f^PJiiios. Trans. 1810 , part. 2) et les crevettes de l'ivière {Squilla pulex, Degéer, selon Thiilis et Rernard , Jouni. de physif/. tom. 28 , p. 67 ) ; mais celte luci- dité nous semble produite , comme celle du ver de terre, soit par l'état d'orgasine de ces animaux à l'époque de leur gêné-

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ration, qui paroît développer du phosphore dans leurs œufs , soit par des nourritures animales patrescenles, comme celles que recherchent tous les crustacés.

Nous aurions bien d'autres remarques à faire sur les appa- rences diverses que prennent les eaux de la mer et celles des rivières ou des tleuvcs. Par exemple, on sait que le prétendu changement des eaux en sang. Tune des plaies d'Egypte , se renouvelle fréquemment dans plusieurs de nos mares , lors- qu'il s'y propage d'innouihrahles quantités de puces d'eau d'un rouge de sang, dupJinia pu/ex., Millier; ces crustacés bran- chiopodes se multipliant prodigieusement à la manière des pucerons, sans accouplement.

Des mers de lait, des mers d,: poussière, ou avec ces ap- parences , ont été remarquées par divers navigateurs sur les côtes occidentales de l'Inde , et aux environs de la Nouvelle- Guinée, des terres des Papous : toutes ces apparences sont dues souvent au frai d'une innombrable quantité de mollus- ques dont les œufs ou les embryons flottent , en certaines sai- sons, à la surface des ondes, et couvrent des espaces de plu- sieurs lieues carrées.

Ainsi les phénomènes de l'Océan ne sont pas moins élon- nans, ni moins magnifiques que ceux de la terre: des spec- tacles pyriques se manifestent au sein même des abîmes, au milieu des jeux et des amours de tant d'êlres créés avec pro- fusion parla puissance divine. Voyez le Discours préliminaire et l'article Créatures. (vire\).

PHOSPHOKKUPFERERZ de Werner. V. Cuivre

PHOSPHATÉ. (lN.)

PHOSPHORMANGAN de Karsten , Werner, etc. V. Manganèse PHOSPHATÉ, (ln.)

PHOSPHORSPATH {spath phosphorescent). On donne ce nom à la chaux fl un fée en Allemagne. Stiitz et Estner l'ap- pliquent à Vopaiile OuChAUX PHOSPHATÉE CRISTALLISÉE, (LN.")

PliOSPHORlT. Werner et Karsten donnent spéciale- ment ce nom à la Chaux phosphatée terreuse (ln.)

PHOSPORKALKdeSTUz. V. Chaux phosphatée.

(ln.)

PHOTEL. Plante du Catay, citée parThevet, que, selon lui, quelques personnes nomment^^uie/- ûfe /'/zaraon. C. Bau- hin la rapproche du bananier, (ln.")

PHOTOPHYGES ou LuciFUGES.Nom donné par M. Duméril à une famille d'insectes, de l'ordre des coléoptères , section des hétéromères, ayant pour caractères : élytres du- res, soudées, sans ailes. Elle comprend les ténébrions de Lin- n:eus , qui composent notre tribu des piméliaires et celle des blapsides, famille des mélasomes. V. ces mots, (l.)

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PHOXÎCHILE, Phoxlchilus, Lair. Genre d'arachnidea trifchéenncs , de la i'auiIUe des pyciiogonides.

D'après les caractères que j'avois assignés à ce genre , i! différoll des pyciiugonous , en ce qu'il offre des mandibules , et des nymphous , en ce que ces organes sont terminés par un seul doigt , et que les palpes manquent, comme dans le pre- mier genre. Mais ayant examiné depuis, avec plus d'atten- tion , les mandibules de l'espèce d'après laquelle j'avois établi celle nouvelle coupe générique, j'ai reconnu qu'elles fmissoient en pince didaciyle, de même que celles ^es mm~ phons^ et que le doigt inférieur, recouvert par des ordures qui iTi'avoient empêché d'abord de l'apercevoir , étoit seule- ment plus petit (|ue le supérieur, ou celui qui est mobile. Mais les phoxîiJiiies sont néanmoins très-distingués des nym- phons par l'absence des palpes. Ils s'en éloignent aussi sous d'autres considérations: i.** Le tube ou le siphon, formant le suçoir et dont l'ouverture représente un trèlle , comme à celle de la même partie des autres animaux de celte famille, est ventru au milieu, un peu rétréci ensuite, et se termine par un évasement arrondi et garni de poils ; chacun de ses côtés et le milieu de son dos offrent deux lignes iinprimées , longitudinales , et qui , se réunissant par leurs extrémités, des- einent une sorte d'ellipse. En considérant ces lignes comme les sutures de pièces réunies, ce tube seroit composé de six val- vules ou lames soudées ensemble, et qui représenteroient les parties principales de la bouche des insectes. Le siphon des Tiymphons ne montre à sa surface aucune division. 2.*^ Dans ce dernier genre, le premier article du corps se rétrécit un peu en avant de l'insertion des deux pattes aniérieures, et des deux pattes ovifères, puis se prolonge et se dilate insensible- ment en manière de cou ou de pédicule obconique , dont l'ex- trémité antérieure sert de support aux mandibules. Ce sup- port est formé par la réunion de l'article radical de chacune de ces mandibules : ces deux articles intimement unis et dilatés inférieurement, embrassent Textrémité antérieure du pédicule , en façon de collier. Le tubercule portant les quatre yeux, est situé à iexlrémilé postérieure et dorsale du premier segment en arrière du pédicule; mais dans les phoxi- chiles , le premier segment du corps est court et trans- versal , de sorte que les deux pattes antérieures et les pattes ovifères sont insérées près de l'origine du siphon. A l'exlré- niité postérieure et dorsale de celle partie, sont adossés et réunis longltudinalement les deux articles radicaux des man- dibules ; le tubercule portant les yeux , est situé entre cet article commun et le suivant; les mandibules, abstraction faite du support dont je viens de parler , semblent prendre

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ïîaîssance de la fease anlérieure du tubercule oculifcro. 3,*^ On voit de chaque côté de la base du si[)hon , au-dev:uit de l'inserlion des pâlies ovll'ères , un pelil arlicle en forme de tubercule arrondi. 4-*^ Les pâlies, moins allongées propor- lionnellement que celles des nymphons , ont un arlicK; de moins que celles-ci , c'est-à-dire huit, (les prolongcm'.nis latéraux et saillans des segniens des corps compris ), au lieu de neuf, celui qui , dans les nymphons , forme l'avant-der- ïiier ou lehuitième, étant ici presque insensible; la même arSi- culalion est déjà fort courte dans les pycnogonons et les ammo- ihées. Les pattes ovifères desphoxichiies ressemblent, par leur forme et leurs proportions, à celles des ammoihées itt des iiym- plions ; eWes sont composées de dix articles, ainsi que dansée dernier genre; les mandibules sont fdiformes et se terminent un peu au-delà du bout du siphon ; mais le doigt supérieur est courbé vers le côté interne de ces organes. L'espèce qai m'a fourni ces détails et que je nommerai Phalangioïdje , pahlangiuïdes ^ se trouve dans les mers de TAuslralasie. Sort corps est entièrement d'un brun obscur, et long de cinq lignes. Les pattes sont environ tiois fols plus longues , un peu velues, avec les deux premiers articles, ainsi que le cjn- quième et le sixième , terminés par quelques angles saillans, en forme de tubercules coniques ; on eu voit trois à l'eîctré- mité supérieure du cinquième.

Le nymphon femoratum des Nouveaux Actes de la société d'Histoire naturelle de Copenhague (1799, tom. 5, part, i , tab. 5 , fig, I 3 ) , et le Phalaiigium spinosum de Moatagu , ( Act. Suc. Linn. , tom, 9 , tab. 5 , fig, 7 ) , paroissent ap- partenir au genre des phoxichiles, (l.)

PHOXINUS. Nom spécifique latin de I'Able, Cyprinus phoxînus , Linn. (desm.)

PHRAGMITES. Cinquième espèce de Roseau {^Caîa- mos)., décrite par Dioscoride. C. Bauhin l'a rapportée à notru roseau à balais , arundo phragmites. V. Roseau, (ln,)

PHRAGMOSA. Chez les Grecs, c'éloit lun des noms de leur CoNYZA, V. ce mot, (ln.)

PHRIGANITES. V. Friganites. (v.)

PHROCALIDA, Nom que les habitans de l'île de Lem- nos donnent à la Dentelaire (P/i/iKiûg^o europœa , L. ) , selon P. Bellon, (LN.)

PHRONIME, Phronima, Latr. , Lam, , Riss.; Cancer, Forsk. , Herbst, Genre de crustacés, de l'ordre des amphi- podes , ayant pour caractères : corps très-mou, long, étroit ; tête très-grande , presque en forme de cœur , verticale ; deux antennes sétacées , très-courtes, et ç.oaiposcejs d'un petit

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nombre d'articles ; les quatre pieds-mâchoires extérieurs en forme de peiils bras, comprimes , terminés en pointe, den- tés en dessous ; les deux premiers plus petits , annexés à la tête ; dix pâlies allongées, dont celles de la Iroisième paire plus grandes, terminées en une pince didactyle, et précédées de deux articles arrondis ; les deux derniers articles des autres pattes formant une sorte de crochet fort long et arqué ; six sacs vésiculeux, disposés, trois par trois, sur deux rangs longi- tudinaux , entre les dernières pattes ; queue ayant en dessous six pattes natatoires, disposées, trois par trois, sur deux sé- ries longitudinales , et terminée par six slyiets allongés , four- chus ail bout.

Nous devons à Forskaël la connoissance du singulier crus- tacé qui m'a seivi à établir ce genre. Herbst , dans son ou- vrage sur les crosiacés , n'a fait que copier ce qu'il en avoit dit. Le même animal a été ensuite décrit et figuré, avec plus de détails, dans les Nouveaux Actes de la Société d'histoire naturelle de Copenhague ( 1802, tom. 4? t^ib. i , fig. 1-6 ). J'en ai donné une autre figure , dans le premier volume de mon Gênera cniisaceorum et insecl. ( lab. 2 , fig. 2 ). Enfin , l'ouvrage de M. Risso sur les crustacés de Nice , nous offre la figure, dessinée par M. Lesueur, d'une autre espèce de phronime ; l'une et l'autre nont encore été observées que dans la Méditerranée. Aucun de ces livres , cependant , ne nous présente une description complète de ces crustacés. Les bornes de cet ouvrage m'interdisant l'exposition de ces dé- tails , je me bornerai à dire que les phronimes , sous le rap- port des organes de la manducalion , sont très-voisines des crustacés qui forment nos genres crevclle cl talitre.

Les phronimes sont de petits crustacés , qui ont pour do- micile l'intérieur du corps de divers radiaires mollasses. « Semblables, dit M. Risso, aux argonautes q\. aux cari/iaires , ces crustacés viennent, pendant le calme des eaux, dans la belle saison , voyager dans ces nacelles vivantes , sans se donner le soin de nager. Néanmoins , lorsqu'ils veulent se plonger, ils rentrent au gîte, et se laissent tomber par le seul effet de leur pesanteur. Ces animaux qui se nourrissent d'ani- malcules, ne se montrent à la surface des eaux qu'à la fin du printemps , et restent dans les profondeurs un peu vaseuses pendant tout le reste de l'année. Leur manière de se propa- ger nous est encore inconnue ; mais il est certain que les fe- melles ne portent pas leurs œufs sur un de leurs côtés , comme Icspagiires, quoiqu'elles aient, comme ceux-ci, l'habitude de se loger dans les dépouilles des corps vivans. »

Les deux espèces de phronimes connues, sont : la PuRO- KIME SÉDETNTAïaE , phronima sedenîaiia , el la PuROISIME SEis-

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TINELLE, phronima cusios. La première est celle que Forskaël a décrite dans sa Faune de l'Arabie , sous le nom de cancer sedentarius ( Voy. plus haut la citation des autres figures); la ecGonde a été ainsi nommée par M. Risso {Hht. nat. des trust de Nice., pag. 121 , pi. 2