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AGADlIII ROYALE

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE.

MM. Le baron De Gerlache, Président. Le baron De Reiffenberg, Secrétaire. Gàghard, Trésorier. Le chanoine De Ram. Le chanoine De Smet.

Du MORTKR. 60RMA>'S.

MONUMENTS

POCK SEBVIB A

L'HISTOIRE DES PROVINCES

NAMUR. DE HAINAUT ET DE LUXEMBOURG.

MONUMENTS

POUR SERVIR A

L'HISTOIRE DES PROVINCES

lUIDR, lE HlimilT ït Bl MXIIBOIIKG,

ET PDBLlés POUR LA PREMIÈRE FOIS

Ce 6ar0n IDe l&et£&nberg.

TOME V.

BRUXELLES ,

M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE.

DHIXIÈIE DmSION.

LÉGENDES HISTORICO-POÉTIQCES.

CHEVALIER AU CYGNE

GODEFROID DE B0UILL01N.

LE

CBOEVALEER AU CYGNE

II

ET

GODEFROID DE BOUILLON,

PCBLIÉ POUR LA PREMltEE FOIS AVEC DE NOUVELLES RECHERCHES SUR LES LÉGENDES QUI 0!rr RAPPORT A LA DBLGIQUE,

UN TRAVAIL R DIS DOCllHENTS SDR LES CROISADES;

Ce (Ooron Vk ReifEmbag. TOME II.

BRUXELLES,

M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE.

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INTRODUCTION.

RCCHERCUES ULTÉRIEtRES SUR LA LÉGENDE DU CHEVALIER AU CYG^iE. GODEFROID

DE BOriLLO?!, CONSIDÉRÉ SOUS UN ASPECT NOUVEAU. CROISADES. PREMIÈRES

EXPÉDITIONS A LA TERRE SAINTE. PART QUE LES BELGES Y PRIRENT. L*HIS-

TOIRE EN PRÉSENCE DES TRADITIONS POPULAIRES ET DES HCTIONS POÉTIQUES.

Au moment la Belgique acquitte en6n une dette sacrée et que, se- condée par le talent d'un de ses meilleurs artistes^ elle érige, dans sa capitale , une statue à Godefroid de Bouillon , il semble qu*un poème consacré à ce grand homme, et qui a été jadis composé par un Belge, ne pouvait voir le jour plus à propos. La circoiistauce rajeunira ce vieux monument du passé, et donnera peut-être un intérêt actuel à des légendes oubliées, à des questions d'histoire et de philologie que leur nouveauté n'empêche pas d'avoir l'air suranné et décrépit.

Ije volume précédent, se développe l'antique et mystérieuse tradi- tion du Chevalier au Cygne, sert de préambule au récit des exploits, véritables ou fabuleux, du petit-fils d'Hélyas. En mettant sous les yeux du public les diflërentes transformations de ce mythe national, nous en avons soigneusement recherché l'origine ; nous avons taché de suivi-e la ToiiB II. a.

II INTRODUCTION.

filiation des idées et des croyances , et nous sommes arrivé à cette conclu- La fable du cheTaiier sîou, que Ic Ghevalicr au Cygne appartient à la mythologie germano-belge. no belge. L^ critiquc, dont les encouragements méritent toute notre gratitude S

parait avoir généralement adopté ce résultat. Un savant que nous esti- mons beaucoup, a prétendu néanmoins que la légende du Chevalier au Cygne est indo-germanique, et il s'est étayé de quelques citations qui nous paraissent plus ingénieuses que concluantes^. Sans doute, il y a

* Extrait de la Gazette de Brème, dans X Indépendance du 25 juin i846; même journal du 28 juin i846, art. signé XX; Nouvelle revue encyclopédique, Paris, Didot, in-8®, octobre 4846, pp. 193-498; Messager des sciences historiques, 4846, p. 283; Archives du Nord de la France, nouv. série, t. V, p. 584; t. VI, pp. 454-452, etc.

« Décidément, a dit la Gazette de Brème à propos du Chevalier au Cygne, à Tégard de This- » toire icrUe ou peinte, la jeune Belgique mérite Fattention que tous nos journaux seientifiqnes » et artistiques lui accordent depuis quelques années. Une noUe lutte s est engagée dans ce » pays entre la plume et le pinceau , et les résultats de cette lutte ne peuvent être que flatteurs » pour Famour- propre des Belges. » Ces paroles ont trouvé de Técho chez MM. iMez, Gesenius, Graesse, Adelb. Keller, F. Wblf, Victor Le Clerc, P. Paris , etc., qni ont, d'une main ami», sou- tenu notre marche mal assurée. Corrections pour le Comme uous saisissous avec empressement toutes les occasions de corriger les erreurs qui doivent infailliblement nous échapper, nous indiquerons ici celles qui nous ont été signalées, dans des communications officieuses, par l'illustre M. Frédéric Diez, de Bonn :

Tome IV, V. 175. f^olstsis^ première et non seconde personne de rimparfait du subjonctif.

V. 452. Phiés, User : ehiefs.

-^ «. 575. Confait, {qupmodo fcKlus)^ comme fait ; en flamand hoedanig,

V. 1141. j&s£t'ems, estions , étions.

V. 9058. Sans te gaudk'ne, sout le gaudine, c*est-à-dire sous le bocage.

Un des meilleurs juges en fait de littérature romane, M. Ferdinand Wolf, de^^ait rendre eompte de noire quatrième volume, dans les Wiener Jahrbiicher; nous regrettons de n'avoir pu attendre Tapparition de son article pour publier ce nouveau tome.

* AUg. Zeitschrifi fur Gesdiichte von D^ W. AdoIfSchmidt; Berlin, în-8% IV" Jahrg., VIF B.. 6«' Heft, Juni 4847, pp. 563-564. M. C, auteur de cet article, invoque Athénée, Deipnosoph., IX. Cet auteur s'exprime ainsi : « Hégésianax d'Aleitandrie, qui a composé l'ouvrage intitulé les Troiques de Céphalion^ rapporte que Cycnus, qui combattit seul contre Achille, fut nourri par un cygne à Leucophrys (ville de l'Asie Mineure, entre Tralles et le Méandre). Boios ou Boioo dit, dans son Omithogonie, selon Philochore, que Cycnus fut changé en cygne par le dieu Mars; que, s'étant rendu sur le fleuve Sybaris, il s'accoupla avec une grue, et qu'il mit dans sa couvée une herbe appelée ej/^ata. » (Trad. de Lefebvre de Villebrune; Paris, 4789, in-4^ t. m, pp. 485- 486.) Avouons que cette érudition classique n'a guère de connexion avec Hélyas et Béatrix.

INTRODUCTION. m

entre les races teutoniques et l'Orient des rapports qu'on ne saurait nier, comme il en existe entre tous les membres de la grande famille humaine; ces rapport même sont quelquefois très -étroits, particulièrement en ce qui concerne les langues et les dogmes religieux^; cependant, à moins de se contenter de rapprochements éloignés, de similitudes insensibles, D^ger de b cruique

* * o ' parement ronjectn-

il est difficile d'attribuer à la saga du Chevalier au Cygne, dans la forme ^'<'- et avec le caractère que nous lui connaissons, une autre source que celle d'où nous l'avons ùàt sortir. Un homme qui a joui quelque temps d'une bruyante célébrité, nous répétait sans cesse cette maxime de k philosophie ancienne : Tout est dans tout, et cet adage est vrai et admis- sible à bien des égards; mais c'est à condition de dégager nettement les choses des éléments avec lesquels elles se mêlent; d'éviter la confusion et de ne pas sacrifier les notions positives à des prétentions d'originalité, à des aperçus aussi légers que séduisants, à des â-peu-près qui jettent le trouble dans la science.

Nous-même, pour aller au devant des objections et du reproche d'avoir négligé des détails que certains .censeurs seraient disposés à considérer comme essentiels, quoiqu'on pût les supprimer sans inconvénient, nous avons indiqué plusieurs faits qui n'ont avec notre légende qu'une relation Rapprociiemcnts éini- forcée ou arbitraire ^. En continuant de faire acte de déférence envers la

* M. Ampère, par exemple, dans son cours de 1832, a mis en lumière les rapports de la re- ligion Scandinave avec celle de la Perse. Voy. A.-F. Ozanam, Les Germains avarU le christia- nisme: Paris, 1847, in-8^ pp. 77,* 144, 222.

* Nous avons mentionné, entre autres, le cygne d*or de FAlcazar de Cordoue (t. VU de cette collection, note sur le v. 675 du poème de GiUes de Chin). M. J. Aschbach, dans son ouvrage intitulé : Geschiehte der Ommaijaden in Spanien, Frankf., 1829, 2 vol. in-S*", t. II, p. 108, décrit ce palais et la fontaine qui le décorait : Die meiste Bewunderung cher erregte ein in der MiUe des Saales stehender Springbrunn, in Jaspis ausgearbeiUt. Er war von einer Gruppe von zwôlf Uiieren aus massivetn Golde umgeben und mit Edelsteinen besetzt, um die natUrlicheti Farben nachzuahmen. Die ITiiere waren so gesieUt, dass ein Làweeine Aniilape au f der einen Seite halte, ein Krohodil aufder anderen; gegeniiber aber einen Drachen und einen AdUr, Dièse ttmgaben eine Taube, ein Falke, ein Pfau, ein Huhn, ein, Bahn, ein Weihe und ein Geyer. Aile dièse Thiere stromten aus ihrem Maule Wasser, In der Mille dieser Gruppe befand sich iiber dem

IV INTRODUCTION.

critique conjecturale, il nous serait permis de soupçonner quelque re- lation entre notre fable, dont la scène principale est presque toujours sur le Rhin, et le culte rendu autrefois à ce fleuve, que les Germains rendaient juge de la légitimité de leurs enfants ^ et qui, du temps de

Wasser ein grosser Becken, ein goldener Schwan von bewunderungêwurdiger Arbeit, ein Werk derberiihmteêten Kûnstler in KonstantinopeL Daruber hing von der Decke eine kostbare Perte, ein Geschenk des griechischen Kaisers Léo, Ce cygne d or au milieu de douze animaux, dont le nom- bre et le choix ne furent probablement pas arbitraires, devait avoir une signification allégorique^ sans être cependant du même ordre que le mythe du Chevalier au Cygne.

* Antholog. graeea cum versione lalina Hugonis Grotii, éd. ab Hier. De Bosch; Ultraj., 1795, 1. 1, p. 187, lib. I, tit. XLin, ep. I (Cf. Ju/iaii , epîst. XV, ad Maxim, philos, et orat. If, in Const. imp. :

Sap<ra)Jot Kf Ara? xorxfi^ itfktj/xout 'Vifvu Ténvx TxXxvreùoufft , xal xipoi ehî roxîjei , ïlp}y Txïv ôApijiTafft XeXsv/xivzy utfxTt ffSfJLva, Ai'fa yàp t^vUx fi^fTpèi oXi7^iJ7x>; (ttx k6\t:jv '^^xiaxo^ » r^ûJTsv Tpoxéet Jdxpu , rov fièv , àeipx; k'M^ èx àffxiJt BîJKS vêov xxiv , cjjf àkeyiieu Oùiru yàp yevérao fêpei vxv , irplv yèdo^piidij Hexpiixéyov ksvrpoicrtv èkpyx^y^f^^'^ zoTxpat:. 'H Je fier EikiAutav èx iXystrty iXvo; l^oy^a MifTif^ , Et Kxl TXt<fèi ihjSéa ottfe rcKÎja, y.x<Nx€rxt Tpsjxsouffx TÎ/xij^STXt â^JCTJv ù<fap,

GROTII.

Celui ferox partum, taedarum vindice Rhmo, Explorât, genitoque parensprius eue recutat, Quam videat tacri lustratum fluminis unda. Nam timul atque infans, materna lapsus ab alvo, Ore rudi primas fletus edet , ipse ruhentem , Ipse pater puerum clypei férus orbe reponit : Née nisi cum censor thalamos absolverit amnis , Induit excussum violento pectore patrem. Interea , praeter Lucinam passa dolores , Quamlibet haud dubii genitoris conscia mater Pendet, et ancipitum Jussus formidat aquarum.

a Le Celte sauvage prend le Rhin pour juge de la sainteté du lit conjugal, et refuse le nom de père avant que son nouveau-né ait reçu la consécration du fleuve. A peine lenfant, sorti du

INTRODUCTION. y

Pétrarque, passait encore pour emporter avec ses flots toutes les misères promises à Fannée nouvelle ^

Parmi les versions diverses de la tradition héroïque des ducs de Noufeii««%rr»iun>d«ia

'' légende du Cheralier

Clèves, nous n*avons pas recueilli celle de Jean Gerbrand, dit de Leyde, auCygne. ses«ntio-

' * 7 i? » pes avec d autres fa -

ni celle d'Hermann Stangefol, laquelle n'est que du milieu du XVIP siè- cle. Ou les trouvera ici au nombre des Preuves^. Remarquons en passant que Jean de Leyde, prieur des Carmes de Harlem, est un auteur très- intéressant, à cause de sa crédulité, qui lui a fait admettre quantité de jolies fables et de traditions précieuses. Il ne consulte pas moins les ro- mans que les chroniques, et son froc indigent semble s*étre parfumé de poésie.

La version de ce bon moine rattache au noble chevalier Hélyas Tan- cienne maison de Looz et celle de Hesse.

Le roman de la naissance d'Hélyas, combiné avec celui de Geneviève de Brabant, a pu fournir à Antoine du Pinet l'idée de l'origine qu'il at- tribue à la maison d' Agonit.

« Du Pinet a choisi pour premier héros de cette famille un Hugues,

prince de Trie, état imaginaire dans la Poméranie, que sa valeur et sa

beauté rendirent digne de l'amour de l'infante Yaldugue, flUe du roi

Yaldugue de Poméranie, qui en eut un fils, que cette princesse prison- sein maternel, a-t-il poussé le premier cri, q:*e Fépoux s>n empare; il le couche sur son bou- riier; il court Fexposer au caprice des flots, car il ne sentira point, dans sa poitrine, battre un C4Bfir de père avant que le fleuve, juge et vengeur du mariage, ait prononcé le fatal arrêt. Ainsi donc, aux douleurs de Tenfantement succèdent, pour la mère, d autres douleurs; elle connaît le véritable père, et pourtant elle tremble; dans de mortelles angoisses, elle attend ce que déci- dera Fonde inconstante. » (Âméd. Thierry, Hisi. des Gaidois; Paris, 18528, in-8*, t U, p. 70.)

Si la barque enchantée qui emporte Parténopeus de Blois peut être forcément comparée à edie d*Hélyas, Parténopeus joue un rôle tout différent de celui du chevalier au Cygne : car ce B*est pas lui qui impose à la dame inconnue Tobligation de respecter le mystère dont il s'en- toure; c*e8t, an contraire, cette dame qui lui défend de chercher à la voir.

* F. Petrarchae Opéra, Basileae. (i58l), in-fol., pp. 576-77; De reb. fami'iar,, epitt., lib. I, ep.4.

* Sous h lettre il, à la fin de ces préliminaires.

Ti INTRODDCTION.

» nière faisant descendre d'une fenêtre, pour le mettre ^itre les mains » d'un paysan, qui devait le porter à sa nourrice, une louve survint, » le ravit malgré sa résistance, et l'emporta dans sa tanière avec ses lou- » veteaux. Elle l'allaita jusqu'au lendemain, que le roi, la trouvant à la » chasse, la poursuivit, la tua avec ses petits, et trouva l'enÊint enveloppé » dans de riches draps; lequel il fit baptiser, et ayant découvert This- » toire de sa naissance, le rendit légitime par le mariage de sa fille avec » le prince Hugues. »

Castelnau, qui rapporte cette belle invention, remarque « que jadis » on n'avait point la méthode de dresser la généalogie sur les titres, » qu'on se contentait de traditions et de contes de vieilles, pour suppléer au défaut de la mémoire. A peine savait-on son grand-père par les » règles, et au-dessus de cela, on recevait pour véritable tout ce qu'il » plaisait à certains faux antiquaires et véritables visionnaires, t(^s que » Jean Le Maire de Belges, l'auteur du roman du Chevalier de Cygne ^coBh B posé en faveur de la maison de Glèves; Forcatel, jurisconsulte, auteur » du Monimarencg gaulois, etc. * »

Nous en avons dit assez pour qu'on soit assuré que Jean Le Maire n'a pas imaginé la descendance fabuleuse des ducs de Glèves.

Au surplus, des aventures analogues à celle de la mère d'Hâyas se woifDieirich. voient partout. Dans le Wolf Dieirich, un seigneur nommé Sabin, qui

avait vainement tenté de séduire l'impératrice de Constantinople, per- suade à son auguste et crédule époux, Hogo Dietrich, tju'elle avait eu commerce avec le diable, et qu'il avait vu un homme noir apporter Die-

< Antoine Du Pinet a inséré œ quVni yient de lire dans ToaTrage intitulé : Pfanls, pomnlraieîs et descriptions ik plusieurs vtto el forteresms^ tant de VEnrope^ Ame, Afrique, que des Indes el terres neufves , leurs fondaiions, anii^itez et manière de vivre, Lyon , 1364, in-fol. Cf. Mé^ moires de€astelnan, t. II , p. 511 ; (Lalanne) Curiosités des traditions, des mœurs el des légendes; Paris, iSAl, in-12 , pp. 407-408. M. Lalanne ajoute plus loin (p. 409) qu'on racontait que Go- defroid de Bouillon avait pour bisaïeule une fée, épousée par le roi Lothaire, et dont les enfants étaient venus au monde avec un collier d or qui leur donnait le pouvoir de se métamorphoser en cygne. Cette courte exposition n'est pas tout à fait exacte.

INTRODUCTION- vh

trich dans la couche impériale. Suivant Tusage, Hogo ordonne à un des seigneurs de sa cour d'ôter la vie au jeune prince; mais le duc de Me- rung, touché de compassion, le cache dans une forêt, le trouvant un jour protégé par des loups, il le baptise du nom de Wo^, et le confie à nn de ses vassaux pour Félever.

VAmadis de Gaule, ce romaaqui échappe à Yauto-dorfé du curé de Don Amadis de cauie. Quichotte, et où, par parenthèse, il y a aussi un roi Périon ou Piéroti avec une Ile Ferme (Insula Fortis), offire un épisode à peu près du même genre. Splendian est pareillen^ent nourri chez un ermite. Le roi Lievart, poursuivant un. cerf à la chasse, rencontre le damoisel, qui tenait une lionne en laisse et qui le mène à la cabane de Nascian. L'on reconnaît, longtemps après, que Splendian est fils d'Àmadis et d'Oriane ^.

Les marâtres, telles que Matabrune, ne sont pas rares dans les vieux romans. Gerlinde, mère d'Hartmulh de Normandie, reçoit constamment de Fauteur de Gùdmm l'épithète de diablesse, et n'a rien à envier, en cadrun. fait de méchanceté,, à la mère d'Oriant. Parmi le nombre infini des épi- sodes analogues à ceux de rq)Oiiâe d'Oriant et de la. duchesse de Bouil- lon, nous ne rappellerons plu& que les malheurs de la comtesse de Mayence, dans le roman italien de Doolin,, eonte di Magonza; calomniée par le félon et féroce Herehambault, elle doit subir les conséquences du jugement de Dieu, et c'est son fils qui vient aussi la défendre ^.

On dirait qu'un, nombre déterminé d'idées est continuellement en cir- culation dans le monde, et qu'elles se rencontrent sans cesse sous des déguisements successifs. L'homme, dans la stricte acception du mot, invente peu ; il ne fait guère que combiner d'une manière nouvelle des éléments connus.

Toutefois, ces analogies ne tirent pas toujours à conséquence, et des

* Édition de Paris, 1548, in-fol., tiers livre, fol. xii v^. Imitation du comte de^Tresson; Évreux, 1796 et 98.

^ Giulio Ferrario, Storia ed analisi deffli afUichi romanzi di eavaUeria; Milano, i8â8> 3 vol. in-8%t. ffl,p. 261.

VIII INTRODUCTION.

idées qui se ressemblent ne sont pas nécessairement engendrées les unes par les autres.

Les questions naïves d'FIélyas dans le poème roman, et plus naïves encore dans la version latine, rappellent un conte publié par M. TIk Her- sart de la Villemarqué, philologue doué d'une organisation vraiment poétique ( Barzak-Breiz , Chants populaires de la Bretagne, 4^ édit., Paris, 1826, 2 vol. in- 18), et dont il rapporte le fond au IX' siècle *.

M. de la Villemarqué a cité tout le passage correspondant du roman de Perceval (Contes populaires des anciens Bretons, t. II, p. 267).

« Gomme Fenfant Lez-Breiz était un jour chez sa mère, il eut une grande surprise. Un chevalier s'avançait dans le bois armé de toutes Lw-Brei». pièccs. Et Tcnfaut Lez-Breiz, en le voyant, pensa que c'était saint Michel,

et il se jeta à deux genoux, et fit le signe de la croix.

» Seigneur saint Michel, au nom de Dieu, ne me faites point de mal!

Je ne suis pas le seigneur saint Michel..., chevalier ordonné, je ne dis pas. Je n'ai jamais vu de chevaliers, et n'ai jamais ouï parler d'eux.

Un chevalier c'est quelqu'un comme moi; en as-tu vu passer un? Répondez-moi d'abord vous-même; qu'est-ce que ceci, et qu'en

faites-vous? J'en blesse tout ce que je veux, cela s'appelle une lance....

Et qu'est-ce que ce plat de cuivre que vous portez au bras? Ce

* M. de la Villemarqué donne, il faut en convenir, des raisons éblouissantes, et dont quelques- unes semblent souvent plausibles, en faveur de Tancienneté des chants populaires qu*il a rasseni» blés. Mais, nous le demanderons avec la réserve qui convient à notre incompétence, cette anti- quité est-elle toujours bien avérée? De Taveu de M. de la Yillemni*qué , ces chants ont été recueillis, souvent à grande peine, de la bouche de chanteurs ignorants, qui laissaient le texte dans une grande incertitude. Or, le changement, laddition de quelques expressions, Tinterpré- tation de certains passages dans un sens prévu ou souhaité, ne peuvent-ils pas changer le carac- tère de cette poésie vague, de ces mobiles rapsodies (nous prenons ce mot dans son acception la plus respectable), qu il est si difficile de fixer dans leur pureté primitive? Toutefois, quand on a lu Y Examen des sources bretonnes, par le même écrivain (Cœites populaires des anciens Bretons; Paris, in-S®, t. Il, pp. 301 et suiv.), il ne reste plus guère de place au scepticisme, à Fégard d'une cause déjà puissamment défendue par MM. Sharon Tumer et Fauriel , et il me parait qu en tout état de cause, Hngénieux auteur a entièrement renouvelé la face de la critique, en ce qui concerne lorigine et la nature des fictions armoricaines.

INTRODUCTION. ix

n'est pas un plat de cuivre, enfant; c'est un blanc bouclier. Seigneur chevalier, ne raillez pas : j'ai vu plus d'une fois des blancs monnayés ^; ils tiendraient dans le creux de ma main.... Et quel habit portez-vous? c'est lourd, plus lourd que du fer. Aussi est-ce une cuirasse de fer, pour me défendre contre les coups d'épée. Si les biches étaient ainsi vêtues, il serait plus malaisé de les tuer. Mais, dites-moi, seigneur, êtes- vons comme cela ^? A ces mots , le vieux chevalier partit d'un grand éclat de rire. SFvous n'êtes pas comme cela, qui donc vous a habillé ainsi? Celui qui en a le droit, mon enfant.... le seigneur comte de Quimper. »

Et l'enfant de courir tout raconter à sa mère, et, malgré les larmes de la pauvre veuve, de sauter sur le dos d'une méchante haquenée, et de gagner vitement Quimper, pour devenir aussi chevalier.

On retrouve cette ballade parmi des contes populaires gallois, écrits en prose au XP siècle. Seulement, les contes gallois donnent à l'enfant LezrBreiz le nom dePeredur, qui devient, un peu plus tard, Perceval, en France, et Parcival au delà du Rhin.

Un chant de guerre du XIT"" siècle, aussi recueilli par M. de la Yil- lemarqué, est intitulé : te Cygne (Ann* Arlach); mais il n'offre rien d'ana- logue au nôtre.

Depuis que notre premier volume est imprimé, la Revue de liège a ra- La item* rf* tiv^e. conté longuement la légende du Chevalier au Cygne '. On trouvera en note quelques autres citations complémentaires ^

* M. Magnin regarde comme une interpolation cette mention des blancs monnayés, qni n^ont clé en usage que vers 1350. (Journal des SavatiU, août 1847, p. 454.)

* Un écrivain anonyme du XIU^ siècle, décrivant un abbé galant, dit : Oenas m eruribuê kaUbat qoafl innaUe essent, sine pUca porreetas.

s Janvier 1847, pp. 49-89. Cest à Ingdheim que, d après une tradition reçue sur les bords du Rbin, M. F. Van Uubt fait apparaître le Chevalier au Cygne devant Charlemagne.

« Voy. Montrancon, Col. MSS., t 11, p. 789; Note de Priée sur Warton, Bisi, ofengL CiuiioM compiémen- puary, London, 1840, t H, p. 107 ; F. Michel, Charlemagne, p. cm; Snowe, The Rhùte, t. H, ^'^' pp. 437-442; Ch. White, Rums ofthe Rhine, pp. 8-16; Alfred Reumont, dans ses Sagas du Tome II. b.

X INTRODUCTION.

Il est temps de nous occuper de la partie de notre poème qui coq.- cerne Godefroid de Bouillon. Nous aurions voulu ne jurendre la plaflM qu'après nous être éclairé de la lumière que ne manquera pas de répaa- M.PauUnParâ. drc M. P. Paris par la publication quîl promet, depuis plusieurs an- nées, sous le titre de la Bataille d'Antioche. Mais dans un travail comme celui-ci^ il est interdit de s'arrêter, et il faut obéir à cette voix impé- rieuse qui crie : Marche! marche! Néanmoins , comme il est à présumer que le livre de M* P. Paris paraîtra peu de temps après le nétre, nous

Rhin, pp. 1-7; F.-H. vod der Hagen und J.-G. Busching, LitterarUcher Grundriu zur Geteh, der deutschen Poésie, Berlin, 1842, in-8^, pp. 116. Ces écrÎTains se soot imaginé» ainâ que d'autres, quil y avait des rapports entre Lohengrin et Garin le Loherain : ces rapports n*exîs- ttnt pas. Us ont élé dupes d*nne ressemblance de nom. L. Ettmûller, Handb. der deutschen Litieraturgesch., Leipg., IS47, iB-8^, p. 320; Légendes et trmdiHons du Rhin, tradmtes d'aprts le texte allemand de F.-J. Kiefer, par J.-M. Dautzenberg, Cologne, 1847, in-18, pp. 13-17.Selon cette leçon, la princesse de Clèves portait, suspendue à son chapelet (*), une clochette d argent douée d*un pouvoir magique. Lorsque cette clochette vibrait doucement, le son s'en propageait aaloin, dans une directioii déterminée et avec une puissance de tindire loujoars croissaate. A ce br«it, un roi (le roi du Graal?), devinant sa détresse, envoya son fils au secours de la princesse,, etc. Le baron de Bonstetten, Romans et épopées chevaleresques de F Allemagne au moyen âge, Paris, 1847, ii-8®, pp. 270, 38(V393. A propos du nœud intime qui lie la tradition du Cygne aux con- trées meuso^rhénanes, nous rappellerons qu'aux jeux équestres ou tournoi de Rottenbourg, en 942, Engelhard de Reiffenberg fut, dit-on, juge d'armes, Henri de Fleckstein parut comme chef de la confrérie rhénane du Cygne. (F. Modii Pandectae triumph.; Francof., i586, in-foL, p. 11, fol. 23 V*). -^ H. von Sybel , Gesdiichie des ersten Kreuzzugs ; DûsseldorlT, 1841 , in-S*", pp. 157, 263. (Nous avions, pp. iv et vi de notre première introduction, imputé à M. Goerres ëe fausses citations, et ce n'est pas sans une vive répugnance que nous nous étions permis ce blâme à l'égard d'un pareil écrivain; nous avons été heureusement rassuré par M. von Sybel, qui arti- cule le même grief, justement à propos du Chevalier au Cygne). Consulter, enfin , notre édition du roman de^ Gilles de Chin, t. VU de cette collection , p. 26. Il n'est pas inutile, à Tappui de ce que nous avons avancé du roman des 5^t Sages (p. xv), de faire observer qu'il n'est nidio- ment question du Chevalier au Cygne dans Dm Buch vom den sieben uxisen Meistem^ eus dem Hebraïschen und Griechischen zum ersten Maleiibersetzt, und mit litterurhistorischen Varhemer- kungen versehen, von H. Sengelraaan; Halle, 1842, in-12. Le guide le plus sûr, pour celui qui veut s'engager dans l'étude des légendes poétiques du moyen âge, est sans contredit M. J.-G^T. Grasse, qui, d'après les versions allemandes de la fable du Chevalier au Cygne, la range dans le

(*) Reour^piOM qae le chapelet n*est pas antérieur sa XI* siècle.

INTRODUCTION. xi

nous réservons de profiter <le ses vues et de ses recherches, lorsque, dans Fintroduction de la troisième et deraîère partie , nous examinerons quel est l'auteur de<îe roman et à quelles sources il a pu puiser.

Nous aborderons cette question avec plus de sûreté, quand toutes les pièces du procès «e trouveront sous les yeux du public et que l'au- teur sera déjà connu par son œuvre , par son style , par les mœurs qu'il décrit, par l'époque dont il a subi Tinfluence.

Tout ce qui suit concwne le plus Slustre descendant du prétendu

cycle du Saint-Graal et de la Table-Ronde (Die grossen Sagenkreise des MUteltUters ; Dresden mi lApng, iMÈ , pp. 2910-925).

On sera bien aise de trouver ici une anecdote piquante qui .m*a été aignalée par moQ sa- vant ami, M. P. Paris, Tun des hommes qui savent semer le plus d'idées, de grâce et d'esprit dans les landes stériles de Férudition. Au livre T, ch. II, de Pantagruel (éd. Dalîbon, i828, in^, t. VDI), on lit : « Peu aussy de doubte ftismes des enfans Macrobins eonvieitis en cygnes, ji Et là^essut le naïf Éloi Jfsihaniieau de dire en note : « Les MacrMns ou MaicroUens étââeut un Anecdote relative k Rb-

> peuple fabuleux, qui vivait plus longtemps, qui était plus beau, plus fort, plus vertueux que » les autres hommes : il vivait mille ans. L'auteur ajoute qu'il se métamorphosait en cygne, ce n que D9US n!avotts .trouvé nidle part (on le croira aisément). C'est donc une fiction de son in- 9 ventionpour exprimer qu'ils atvaient un chant mélodieux comme les cygnes. Macrobien vient du grec /uMcpé^ et ûo^s longue vie. » Voilà du symbolisme à la troisième puissance. Quelle pénétration, quel savoir toujours préparé! Mais, dans le manuscrit unique de ce cinquième livre, que M. P. Paris ne croit pas autographe, contrairement à l'opinion de M. P. Lacroix, manuscrit qui est à la Bibliothèque du Roi, à Paris, on lit très^laîffemeni : c (Peu -aussy de doij^te féismes

> des infia^ns de Maê^trune, convertis en cigims. » Ce que le bibliophile Jacob ayant vu pour sa dernière édition de Rabelais, il a donné cette variante : Infam de MaMrave. Il avait mal In, paice qu'il ne connaissait pas notre légende. M. F. Grille, qui en est fort instruit, estime que la fflUe d'Hélyas, qui vient au secours d'une noble châtelaine, *Béatrix, Tiaolée du fleuve, est tout astronomique : « J'y vois, sur ma parole, nous écrite!, Tactil» du soleil qui. dissipeles ombres; » celle de l'été qui dompte les flots et les glaces du Rhin , la guerre Jupiter est vainqueur

> des Titans (?). Tous les âges et tons les continents ont des récits de cet ordre. Il y a des cygnes B et des febles dans les deux Amériques, à la baie d^Hudson, au Canada , au Missouri, comme B aux rives de l'Orénoque et de l'Atmazone. Je vais d'un p6le à l'autre, et partout les mêmes B idées me suivent et m'assiègent. Paris avait son Ue des G^gna, et (image de ce bel oiseau B s'est retrouvée sur les frontons et chapiteaux de Penépolis et de Paimyre, etc. » Oui, mais notre légende a une individualité qui lui est propre etqaeces rapproehements, si curieux qu'ils soient, ne sauraient détruire. Nous nous en tenons donc à notre thèse, jusqu'à ce qu'on nous exhibe des preuves solides qui nous forcent à y renoncer.

XII INTRODUCTION.

Chevalier au Cygne , ainsi que les expéditions fameuses dont il fut le chef. Ici le trouvère ne partage plus avec l'Allemagne rhénane, mais avec la France, le fonds qu il brode tant bien que mal.

Il ne faut pas croire que toutes les autorités sur lesquelles nous nous appuyons nous paraissent également respectables; nous sommes de ceux qui pensent fermement avec Pline l'ancien, qu'il n'est pas de si pitoyable bouquin dont on ne puisse tirer parti , et si , dans nos cita* tions, nous sommes conduit à placer des écrivains médiocres à côté des maîtres , ceux-ci ne doivent point s'en formaliser. Dans l'océan de la science, comme dans celui qui baigne le monde, la goutte du ruis- seau bourbeux se confond avec les ondes majestueuses des fleuves. Descendance de Gode- Quoiquc la fi[énéaIo£[ie dc Godcfroid, comme la plupart de celles d'une

froiddeBouillon;di». , . , . i,- f

cussion surira famille, epoquc SI rcculéc, uc soit pas exempte d incertitude, on s'accorde à dire qu'il descendait de Charlemagne. Son père, Eustache, se ratta- chait à ce tronc illustre, du chef de sa mère, Mathilde ou Méhaud de Louvain^.

Ainsi, après un siècle, Godefroid devait faire monter sur un des plus beaux trônes de l'Orient la dynastie karolingienne , descendue du trône de l'empire d'Occident ^.

^ Cest ce quaura voulu dire M. A. Mazuy, dans ses notes sur le Tasse {La Jérusalem déU* vrée; Paris, 1843; in-8^, p. 23), quand il écrit que Godefroid descendait de Charlemagne par les femmes. 11 fallait cependant dire du c6té paternel , pour être exact. Yoy. les Preuves, sous la lettre J? : Miraei Op. dipL, t. I, p. 363; Butkens, Troph., t. I, pp. 84-91 , et Orderic ViUlis,

Hist. eccl., édit. Aug. Le Prévost; Paris, 1840, lib. lY, t. H, p. 175 : Erat idem (EusiOr

chius) cames magnae habilUatis ; ex prosapia scilieet Caroli Magni^ Francorum sirenuissimi régis. Erat quoque magnae potestatis; utpote sublimis princeps trium comitatuvm : Boloniensis^ Githnensis et Tarwanensis.

Cette dernière allégation est fautive; en effet, le comté de Guines appartenait, du temps d'Ëustache, à Baudouin V, comte d*Ardres: « Nous n'avons pas connaissance, observe M. Le Prévost, quil y ait jamais eu des comtes de Térouane. b Mais Orderic Vital a voulu parler in- dubitablement du comté de Saint-Poi , en Temois, qui , néanmoins, avait alors des comtes par- ticuliers, ainsi que le montre le P. Th. Turpin : Comitum Tervanensium seu Temensium, modo S. Pauli ad Thenam^ a primo ad prostremum annales historici: Duaci, 173^ , in-8^ Cf. Acta 5aii€/orum » april., t. Il, p. 139.

* KervyndeLettenhove, t. I, p. 336. Sur le lieu de naissance de Godefroid, consulter le Jour-

INTRODUCTION. xiii

M. Graesse a donné, ainsi que nous, la généalogie romanesque de Godefroid K

Nous avons dit ^ que Guillaume de Tyr avait pu consulter des écri- Guiiuume d«> Tyr. vains arabes sur l'origine de Godefroid de Bouillon. Cela est cependant peu d'accord avec les termes de sa préface, il déclare que, dans Y Histoire jérasolymitaine , il n'a eu, pour se gtùder, aucun ouvrage grec ni arabe. Cette remarque, en rectifiant une concession trop large que nous faisions à un système, corrobore en même temps le nôtre.

On sait que ce prince était, en réalité, fils de la pieuse Ide^ et d'Eustache II, comte de Boulogne, et qu'Ide était fille de Godefroid-le- Barbu , duc de Lorraine.

On s'est demandé s'il était l'ainé de leurs fils. Il en serait le se- De» frères de Godefroid. cond d'après la vie d'ide, auctore monacho Wastend coaevo, publiée par

fuU des Savants, déc. 1833, p. 758; Ph. Mouskës, t. H, p. 810. Ce chroniqueur 8*occnpe peu du duc de Bouillon. Voir, t. II, p. 235, un passage reproduit dans la note sur le v. 22 du Che- valier au Cygne. Pour compléter ce que nous avons dit de Mouskés, nous citerons Delandine, Manuscrits de Addition pour Philippe

ia Iribl. de Lyon; Paris, 1842, t. H, p. 54 : « Ph. Mouskés , évéque de Toumay, a laissé une ^''"'^'*'

chronique en vers français, presque inintelligibles (!), que Ton consulte encore comme véri- dique. »

* Cf. notre volume précédent, pp. xiiv et lvui. Graesse, Die grossen Sagenkreise des MUtel- aUers, p. 224; Schmidt, Wien. Jahrb., B. XXXI , pp. 127 et suiv.; la traduction de M. le baron F. de Roisin : Les romans en prose des cycles de la Table-Ronde et de Charlemagne; Saint-Omer, 1843, in-8«, p. 143.

* P. XI de rintr. de notre t. IV.

' Voy. Acta Sanctortan, April. , t. Il, pp. 139-450. Miraeus a publié deux chartes de cette comtesse de Boulogne, la première de Tan 1096, en faveur de Fabbaye d*Affligem; la seconde de Tannée 1096, pour le monastère de Saint-Bertin, en Artois; Opéra dipL, t. I, pp. 77 et 79. Cf. Miraei Orig. Benedkt.. p. 300, et Orig. coenob. bened., p. 138. On lui doit aussi une charte par laquelle, en 1070, Eustache de Boulogne et Ide, son épouse, accordent des proprié- tés et des privilèges aux chanoines de Lens, en Artois. Oper. dipL, 1. 1, p. 159. La même an- née, Liethert, évéque de Cambrai, confirme ces donations. /&., p. 164.

Nous-méme nous avons fait connaître une troisième charte, peut-être plus intéressante en- core. Elle est de Tannée 1096 et contient des donations faites à Tabbaye de Munster-Bilsen , Chartes é^a/franehissement des XP et Xllt siècles: Gand, Vanderhaeghen , 1833 (Brochure ex- traite du Messager, pp. 13-45). Cf. Cantatorium S. Huberti, t. VU de cette collection, p. 359.

KIT INTRDBUCTIOTf.

Henschenius ^; mais, partout ailleurs , il est désigné ceosne Fatnë. II y a aussi du doute sur le nombre des enfants dlde et ^'Enstadbe. Les auteurs de L'art de vàifer les dates, M. Aug. Le Prévost et beaucoup d'autres , croient que la comtesse de Boulogne n'a eu qae bms fib : Godefroid, Ëustache et Baudouin* cuJi|«||»j^e^Bouiiion Guillaume de Tyr et plusieurs qui Tout sui^i ajoutent à ces Irais princes un Guillaume, WiUelmus dand rétietus. D'«b antre côlë, «ne lettre de Bohémond, prince d*Antioche, à Rogw, son irèce, lettre rapportée par Baronius, donne à Godefroid m frère nonmië Hugues : Godeffidus, dit-il, et Hugo BoHùmii fratres*: c'est une evrenr manifeste, moins imputable à Bohémond qu'aux copistes. Quant a Gmllanne, quoique oat^ieux soutenu , il est égalenent ionginaâre. Qn ne le<déconipre, pas plus que Hugues, dans les anciens documents nationaux:; et Ide, qui nomme expressément ses fils dans les chartes de 1096 et de 1098, rapportées par Le Mire, n'aurait pas manqué de le nommer avec les autres s'il avait existé. Voici comment elle s'exprime dans la première : /n id ipsum filUsmàs Gûdefrido, Eustachioet iBalduino eoùpemnÉibm,etiààns la seconde : Pro incolumitate filiorum meorum Eustachii ^, Gode/Hdi et Bal' duini (qui contra paganorum incursus, ex praecepto apostolico, Hierosolj/tnam profecti sunt).

Nous ferons néanmoins observer, pour ne rien dissimuler, que, dans la troisième charte, celle que nous avons imprimée, on lit lOrdi^ navi et stabilivi per manum fUH mei ducis Godefridi, in consensu et praesentia

* Acta SancUn-.y April., t. U, p. 142,ei US. Brugensi Soc. Juu. M. le chasoine De Aam adopte lopinion de cet hftgiographe, BuU.de VAead, roy.de Belg.^ 1846, 1 1, p. 3â6. balégen» daire raconte Tanecdote qui a élérimiée par notre troutère: Faictumesiaiukm, cMmianCortimi»- nerabilU Ida mater e$9et filwrum, adhite iUiein eumsjaemtOm»^ nontinebat Meniê eed propriis lac dari uberibtju, timens ut pravie coniaminaretur maribus. Jo. Gillemans.répèle ce fiûi« en ae servant des mêmes termes, dans sa Vie dJde, recueillie aussi par les BoUandisles.